samedi 16 avril 2016

Le retour de Texas Instruments avec la TI-92

Au début des années 90, HP avait un temps d'avance sur ses concurrents, grâce à sa technologie, et au savoir-faire déployé sur ses calculatrices haut de gamme. Mais, en septembre 1995, Texas Instruments revient au tout premier plan avec son modèle phare, la TI-92. Pour atteindre l'objectif fixé, les ingénieurs ont mis de côté le processeur Z80 de la TI-85. Celui-ci restera néanmoins encore la norme pendant plus de vingt ans sur les modèles TI de millieu de gamme. En 1995, pour la première fois, ils choisissent de faire rentrer dans une calculette un Motorola 68000 en version HCMOS. Pour Motorola, ce succès dans les calculatrices grand public sera, en quelque sorte, une renaissance de cette famille de CPU. En effet, à l'époque, la carrière du 68k en tant que coeur de micro-ordinateur venait de s'arrêter. Les derniers Atari Falcon 030 et Macintosh 68k ont étés produits vers 1994. Et en parallèle, Commodore faisait faillite, malgré une diffusion honorable de l'Amiga 1200.

L'interface homme-machine de la TI-92, ainsi que l'ensemble logiciel embarqué en ROM, sont totalement nouveaux et, pour tout dire, révolutionnaires ! Pour preuve, la TI-92 est évoquée dans "L'encyclopédie de la Web culture" en page 84, dans la définition du mot Geek, à côté d'autres "formidables progrès technologiques" comme Atari, Internet et Linux. Sa prise en main est globalement très intuitive ; et la courbe d'apprentissage probablement plus rapide que sur les HP. La collaboration de Texas Instruments avec l'Université Joseph Fourrier a permis d'inclure des fonctions intéressantes pour l'enseignement de la géométrie. D'autre part, le calcul formel est intégré avec un portage 68k du fameux logiciel Derive. Quelques années auparavant, vers 1991, je me souviens qu'une version de Derive pour MS-DOS était installée sur les PC 386 du centre de calcul de l'Université Montpellier II, lorsque je fréquentais cet établissement. Cela dit, je n'ai jamais réellement exploité à fond ce logiciel. J'ai passé plus de temps à programmer en Turbo Pascal 5.0, et en Basic (GFA, 1000D, C61). En 1998, Texas Instrument mettra sur le marché un module d'extension nommé "Plus", pour accroître encore la puissance de la TI-92. C'est le modèle original, avec cette extension optionnelle, que j'ai actuellement sous les yeux. Sa ROM est restée en version 1.01. La TI-92 Plus "complète d'origine" ne sortira qu'en 1999, avec un écran LCD au contraste amélioré.

Étonnamment, cette TI-92 partage plusieurs points communs avec ma vieille PB-1000 :
- ses dimensions respectables, à la limite de la règlementation ; même si celle-ci ne fera plus mention des 21x15 cm à partir de 1999.
- son poids élevé. Avec les piles et le module d'extension, elle atteint 629g sur ma balance, un record !
- sa disposition générale, en mode paysage
- son clavier qwerty très ergonomique ; bien que la virgule, quand on la cherche avec les autres symboles, près du point virgule, soit un peu difficile à trouver
- le faible contraste et la sensibilité aux reflets de son écran (pourtant non tactile)

En fait, la médiocrité de cet écran LCD, n'est pas très surprenante pour l'époque. La HP-48SX et la TI-85, ne font pas mieux en contraste, par exemple. Cela dit, sa résolution de 240×128 pixels, plus que doublée par rapport aux meilleurs pockets de la génération précédente, est plutôt confortable.

Les facteurs de la fonction factor() ne sont plus limités à 65521 sur la TI-92 Plus.  

Mon petit programme de test ci-dessous, en TI-Basic, est quasi identique à celui que j'avais écrit pour la TI-85, à quelques détails de syntaxe près. Par exemple, le symbole double égal '==' disparait. D'autre part, pour plus de rigueur, les boucles "for" doivent dorénavant se terminer par un "endfor", et les "if" par un "endif".

prime(n)
Prgm
int (\/n)->j
If fPart(n/2)=0 Then
Disp 2
Else
For i,3,j,2
If fPart (n/i)=0 Then
Disp i
Return
EndIf
EndFor
Disp 1
EndIf
EndPrgm

Caractères spéciaux :
\/ correspond à la touche racine carrée
-> correspond à la touche STO>

Par comparaison avec les Basics modernes, on peut regretter que l'indentation du programme ne soit pas automatique. A contrario, d'une façon assez inhabituelle, on remarque que des majuscules sont positionnées automatiquement sur les mots clés du Basic, et que le nom des variables est converti en minuscules.

Pour afficher le résultat du test sur le nombre 524 287, il faut 9 secondes environ sur ma TI-92 armée de son 68000 à 10 MHz. S'il s'agit d'un score équivalent à ses contemporaines, comme la HP 48G, on note qu'elle est à peine plus rapide que la PB-1000 de 1986 ! Pour exploiter pleinement cette TI-92, il faudra donc abandonner le TI-Basic.